CPE : un conflit qui s'enlise

Publié le par Ludovic

Ludovic (étudiant en L2 d'Histoire) a écrit l'article qui suit...

 

Après plusieurs semaines de mouvements sociaux la position du gouvernement français reste la même. Les syndicats et les étudiants réclament purement et simplement le retrait de la loi sur l’égalité des chances et rejettent la proposition de « dialogue » proposer par Dominique de Villepin.

Comment sommes nous arrivés à ce point de non-retour ou une entente semble compromise ?

A quoi joue le premier ministre qui après avoir plus ou moins affiché ses prétentions pour les présidentielles de 2007 semble ne plus se soucier  de l’image qu’il renvoie au français ? Et

que pourrait-il se passer dans les mois à venir ?

 

L’origine du conflit  se situe au 16 janvier dernier lors de l’annonce de la création du contrat première embauche faite par DV. Ce contrat est très vite décrié principalement à cause d’une condition  nommée la période de consolidation, une période d’essai durant laquelle le salarié peut être licencié sans motif.

La gauche ne tarde pas à se dresser contre la majorité UMP en qualifiant cette proposition de « contrat discriminatoire anti-jeune » et le parti communiste de surenchérir en annonçant qu’il « mettra toute ses forces dans la bataille ».Après la classe politique, les étudiants, lycéens et militants des syndicats prennent position en se déclarant prêt à lutter pour exiger le retrait du CPE.

Le premier ministre bien décidé à faire passer son projet qu’il juge porteur d’avenir brandit le spectre du 49.3 qui permet au gouvernement de faire passer un texte qu’il présente sans vote ,sous couvert du rejet de la motion de censure que l’opposition se doit de déposer pour la forme mais avec peu d’espoir de réussite.L’utilisation de cette article ne restera qu’une menace puisque l’amendement portant le CPE fut inséré dans le projet de loi pour l’égalité des chances et fut adopté par l’Assemblée nationale dans la nuit du 8 au 9 février 2006 .

Suite à l’adoption de cette loi le conflit entre les syndicats et le gouvernement est ouvert suivi de nombreuses manifestations d’étudiants et de lycéens soutenus par la suite par les salariées et des partis politiques de l’opposition.Depuis le  7 février 2006 date du premier appel à la manifestation le bras de fer entre le gouvernement et les opposants aux projet de lois sur l’égalité des chances est allé crescendo en se radicalisant par la violence qui ponctuent les fins de rassemblement et la fermeté d’un gouvernement refusant le retrait d’une loi pourtant rejetée par la majorité des français.

Après s’être donné 100 jours pour convaincre sur la question du chômage sans succès Dominique de Villepin porte à bout de bras un projet difficile que les français auraient selon ses dires du mal à comprendre. Le gouvernement veut insérer la France dans le monde moderne, c’est en tout cas ce que clament en choeur ministres de la majorité et patrons du Medef, et si la France s’y refuse Dominique de Villepin compte bien jouer de sa personne pour expliquer au français sa vision au risque d’égratigner son image.

Si il y ‘a une chose que le premier ministre a travaillé depuis le début de son mandat c’est bien son  image, tout le monde se souvient du fameux épisode de DV piquant une tête avant son rdv avec Sarkozy ou encore de ses envolées lyriques lors de discours à l’assemblée. Tout semblait plutôt bien parti pour le premier ministre que l’on voyait déjà comme futur représentant de l’UMP pour 2007 alors qu’il n’a jamais été soumis au suffrage universel.

Sa faiblesse vient-elle de là ? DV est t’il trop éloigné du peuple pour le comprendre et savoir qu’une loi impopulaire peut gâcher toute chance au présidentiel ? Cela me parait peu probable  alors toutes les hypothèses sur la stratégie employée sont permises.

Pour commencer, la question de l’alliance : de Villepin aurait-il fait une croix sur ses ambitions présidentielles pour se ranger derrière le « favori » de 2007 Nicolas Sarkozy ?

L’idée n’est pas si étrange qu’elle en a l’air, après tout il n’a jamais été dit officiellement que DV se présenterai aux élections de 2007 et si plutôt que la discorde l’UMP avait décidé secrètement le rassemblement pour éviter de se retrouver face à une gauche qui semble vouloir encore maladroitement fonder une opposition unie ?

L’autre idée serai que DV toujours dans son souci de travailler son image ait privilégié l’option d’un homme politique fort et décidé à défendre ses engagements politiques même face à la pression sociale, en effet avait t’il et a-t-il encore le choix ? Le retrait de cette loi sera un coup dur pour le premier ministre, épisode dont il ne se relèvera certainement pas d’ici l’année prochaine.

Dominique de Villepin est-il face à une impasse, comment retiré la loi sans démissionner (la gauche et les manifestants le souhaitent et l’exprimeront encore plus fortement si la loi est retirée) ? Peut-il vraiment retirer une loi qui a été voté par l’assemblé nationale ?

La loi sur l’égalité des chances est un vaste projet, si le CPE est négocié il ne le sera certainement que sur la durée de la période d’essai et si celui ci était retiré, la loi sur l’égalité des chances  resterait en place avec à ses cotés le CNE et de nombreux autres  amendements qui pourrai bien faire porter à cette génération encore un plus son nom de « génération précaire ».

Publié dans Divers

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B
En fait, Villepin est largement dépassé par les événements. Au début de la contestation, il aurait pu retirer son projet de loi sans trop de casse pour lui : image d'un homme politique consensuel, prêt à revenir sur ses décisions, modéré, etc. Mais cela ne réglait pas le problème de Villepin : gagner une légitimité à droite contre Sarkozy, dans une optique de premier tour des présidentielles (pour le second tour, Villepin a moins de problèmes). Du coup, Villepin a joué le jeu de la fermeté pour conquérir ses galons d'homme fort. Un peu trop, et quand il s'en est rendu compte, il a compris qu'il était définitivement coulé pour 2007, qu'il était trop tard pour reculer sans donner l'impression de "céder". Qu'à cela ne tienne, Villepin s'est dit que, coulé pour coulé, autant entraîner Sarkozy avec lui, et, surtout, autant préparer dès maintenant... 2012 ! Entre-temps, les jeunes dont il se coupe actuellement seront devenus moins jeunes, ils auront un boulot, une femme et un chien, et ils n'en voudront plus trop à Villepin. D'autant que les français aiment bien les losers, il faut traverser au moins un bac à sable, à défaut d'un désert, pour avoir une stature d'homme d'état. Villepin s'est donc mis à préparer calmement sa pelle et son seau pour le bas à sable, et il joue le coup de la fermeté, pour 2012. Là encore, un peu trop : la situation est devenue explosive. Les jeunes commencent à s'inquiéter de la validation de leur semestre, c'est important quand même. Oui mais, le vrai problème, c'est qu'il ne manque plus qu'une petite étincelle pour embraser de nouveau les banlieues. Là, l'enjeu dépasse largement les ambitions politiques des uns et des autres, le gouvernement sait qu'il est sur une poudrière... Villepin attend, en priant avec ferveur tous les soirs, que le Conseil Constitutionnel vienne tirer tout le monde de ce mauvais pas, c'est désormais la sortie de crise la moins dommageable pour tous. Si le CC ne censure pas la loi... je crains que la situation ne se termine en drame bien avant que le dialogue social aboutisse, tant Villepin semble peu pressé d'avancer de ce côté-là (alors que même le Medef ne veut pas du CPE !). Il ne nous reste plus qu'à joindre nos prières à celles de Villepin : il faut sortir de la crise avant qu'il n'y ait des morts.
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