Le Point de vue de....Matthias

Publié le par Matthias

Matthias inaugure ici la catégorie « point de vue » qui permet à l’auteur d’exprimer son opinion sur le CPE, la mobilisation, les solutions envisageables etc. N’hésitez pas à faire part de vos commentaires pour que le débat puisse se construire et avancer. Ceux qui veulent participer à une réflexion nouvelle et structurée peuvent nous le faire savoir en nous envoyant un mail avec l’article dans le corps de message.

 

 

            Je suis étudiant en L2 Histoire à Paris 8 et comme beaucoup d’étudiants, je suis contre le CPE dans sa forme actuelle. Je vais donc tenter dans cet article de vous donner ma vision de ce que pourrait être un mouvement efficace, puis quelques pistes de réflexion pour un projet alternatif à celui proposé par le gouvernement.

 

            Tout d’abord, et je commence par cela puisque c’est un sujet âprement débattu, je suis contre le blocage quotidien de l’université. En effet, je considère que le blocage entraînera une baisse de la mobilisation à plus ou moins long terme. Pourquoi ? Parce que le fait que les étudiants viennent à l’université suivre une partie de leurs cours permet de maintenir le lien entre eux et le mouvement, ainsi, on peut les informer sur les actions qui vont être menées (le but évident étant qu’ils y participent), les mobiliser pour qu’ils participent aux AG ou bien encore débattre avec ceux qui ne sont pas favorables au mouvement (le but étant bien sur d’essayer de les convaincre de s’engager avec nous). Entretenir le lien avec les étudiants est primordial car sans eux le mouvement n’est pas légitime, si une poignée de personne décide du sort de l’outil de travail (l’université) de milliers d’autres, le mouvement n’est pas légitime. Or il me semble qu’il sera difficile de mobiliser des gens qui mettent parfois plus d’une heure pour venir à la fac à 9h pour s’entendre dire que la fac est bloquée mais qu’ils peuvent rester pour aider en attendant l’AG de 12h . Ceux qui étaient déjà mobilisés participeront mais les autres ceux qui ne participent pas au mouvement (et manifestement si ils ne sont pas au courant du blocage, ils ne sont pas très au courant du déroulement du mouvement), retourneront chez eux en pestant contre les bloqueurs tout en jurant de rester couchés le lendemain et les jours suivants jusqu'à la fin du blocage (on assisterais d’ailleurs je pense à un durcissement des tensions entre les pro et les anti-blocage). Cependant je suis assez favorable à une « grève des cours » les jours de grande manifestation (celle du 7, du 16 ou du 18 mars par exemple) avec un accueil des étudiants, des forums, des débats etc. avant le départ en cortège à la manifestation (ce qui a été fait jusqu'à présent avec le soutien des profs notamment).

 

            Deuxième point, la question des « violences » c'est-à-dire les dégradations de propriété publique mais aussi les actions d’affrontement contre la police, il ne faut pas être stupide, aujourd’hui un des point important qui pourrait servir le mouvement c’est l’opposition de l’opinion publique dans sa majorité au CPE (et donc une certaine sympathie envers notre mouvement). Lorsque les français verront au travers de certains medias des étudiants dire : « le gouvernement nous pousse à la radicalisation du mouvement », « je ne peux pas condamner les gens qui jettent des pavés sur les flics parce que ce que nous impose le gouvernement c’est pire qu’un pavé » ou pire lorsqu’ils verront des étudiants lancer des extincteurs sur les CRS ou taguer des murs  , ils penseront que nous ne sommes pas des manifestants mais des délinquants et alors l’opinion commencera à se retourner. Il ne manquera plus qu’une info scandaleuse (par ex : « des étudiants ont immolé 2 chiens sur lesquels ils avaient mis les noms de Villepin et Sarkozy ») l’important ne sera pas de savoir si cette info est vraie ou pas (le premier choc est le plus important malgré les démentis ultérieurs), l’important sera de savoir si les gens penseront les étudiants (« délinquants » je vous le rappelle) capables  d’un tel acte … C’est pour ça que notre mouvement doit être exemplaire dans sa légalité, pour prouver que si violence il y a , elle vient de la police : seule cette attitude fera grandir notre crédit et donc servira nos revendications.

 

            Justement nos revendications, que sont elles ? Déjà, le retrait de la forme actuelle du CPE qui n’est pas acceptable (et d’ailleurs pas acceptée). Mais après ça, il faut trouver une solution, au problème du chômage des jeunes (« Plus de 20 % de taux de chômage pour les moins de 25 ans, 40% pour les non qualifiés » selon le site du premier ministre) pour ne pas être que dans la contestation. Donc négociation :

 

_ Le gouvernement souhaite aider les entreprises pour les inciter à embaucher , soit , après tout si elles n’embauchent pas aujourd’hui , il faut faire en sorte de les inciter à le faire demain donc une incitation fiscale d’accord (sachant que les charges représentent près de 60% du salaire total).

 

_ « Le manque d’expérience des jeunes limite leur emploi car l’entreprise n’a pas de visibilité sur leurs capacités et leur personnalité, une période d’essai plus longue est donc nécessaire pour que l’employeur puisse juger le travail d’un jeune et mettre fin à la collaboration si les deux partis ne s’entendent pas. Ainsi, si l’employeur sait qu’il n’a pas grand-chose à perdre en donnant sa chance à un jeune, il hésitera moins à l’embaucher. » .  Là encore le constat de départ se défend mais la mise à l’essai pendant 2 ans représente une charge trop lourde que seul le jeune supporte. Je propose donc que cette période passe de 24 à 8 mois. Huit mois me parait être une période assez longue pour juger du travail de quelqu’un (il est vrai que les deux mois actuels sont un peu courts pour les travaux longs) tout en permettant au jeune de renter plus rapidement dans le « véritable » monde du travail (c'est-à-dire d’obtenir un contrat stable). En fait cette proposition fond dans un même contrat le CDD de 3/6 mois souvent proposé aux jeunes pour une première embauche et qui permet à l’employeur de jauger le candidat.

 

_ Le cas de l’allocation forfaitaire (de 2 mois) en cas de rupture du CPE après 4 mois me parait être une chose à garder, voir à étendre à 3 mois et pourrait être financée par une réduction des exonérations de charges patronales passant de 3 à 2 ans (cette diminution a le double avantage de ramener le rapport période d’essai/exonération à 1/3 au lieu de 2/3 actuellement il est donc moins intéressant pour un employeur « d’enchaîner » les CPE). 

 

 

_ Par contre, l’obligation de fournir un motif en cas de renvoi me parait être une chose importante, au moins pour permettre à la personne renvoyée de savoir pourquoi elle l’est. Est-ce à cause de la conjoncture économique ? Du fait qu’elle ne convienne pas pour le poste ? Au pire, obliger un entretien d’une demi heure plutôt qu’une lettre recommandée.

 

 

Pour résumer :

 

_ 8 mois de période d’essai (avec obligation de fournir un motif en cas de licenciement, le motif étant exposé à l’employé au cours d’un entretien d’au moins 30 minutes)  au lieu de 2 ans dans la forme actuelle du CPE

 

_ Aménagement des exonérations de charges pour les entreprises qui passent  3 ans à 2 ans.

 

_Maintien de l’allocation forfaitaire (de 3 mois) en cas de rupture du CPE après 4 mois.

Publié dans Point de vue

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