Le Point de vue de....Benjamin (sur les utopies)
Ce point de vue nous a été envoyé par Benjamin en réaction au point de vue n°2 de Sophie sur la réalité économique (ICI).
Si les gens comme Sophie pouvaient discourir, défendre leurs arguments, sans nécessairement taxer de "pensée unique" quelqu'un qui les contredit, on les écouterait plus volontiers.
Si les gens comme Sophie assumaient, à leur tour, leurs discours, on les écouterait plus volontiers. Il s'agit d'assumer son discours en tant qu'utopie, d'accepter de le penser tel. Oui, c'est bien d'une utopie qu'il s'agit : un lieu qui n'existe pas, un monde à inventer qu'ils nous proposent. Sacré défi ! Les utopies sont nécessaires à l'élaboration d'une pensée agissante, c'est un guide. Mais cela reste un lieu inatteignable, imaginaire, qui n'existe pas. Nous faire paraître comme naturel un mode de vie qui, de fait, n'est pas celui qui a cours, c'est se référer à une supposée transcendance. Un enchantement de plus : on se fait avoir une nouvelle fois. Je le répète, donc : si les gens comme Sophie assumaient leurs discours en tant qu'utopie, on les écouterait plus volontiers.
Si les gens comme Sophie nous proposaient autre chose qu'une vieille rengaine, mille
fois entendue, on les écouterait plus volontiers.
Si les gens comme Sophie voulaient bien répondre à la question que leur posait Matthias,
qu'on la formule en termes de financement de mesure ou, plus généralement, en termes de faisabilité pratique, concrète, de leur projet, on les écouterait plus volontiers.
Il n'y a pas UNE pensée unique : il y a DES idéologies. Si les gens comme Sophie pouvaient sortir de la leur, on les écouterait plus volontiers.
En attendant, on lit vaguement, en diagonale, et on passe...
Ce commentaire ne se veut pas une attaque contre toi, Sophie. Je ne tiens pas à avoir droit à une resaucée de ton discours en énième "droit de réponse". Ne le prends pas comme une attaque, prends-le comme une interpellation : c'est un défi que je te lance. Tu nous lances celui de sortir du carcan de la pensée ambiante, celui d'inventer avec toi un monde nouveau. Le défi que je te lance, c'est de me dire comment on fait, pour y aller, dans ton monde merveilleux. Comment elle se passe, ta révolution ? Et c'est quand, au fait, cette révolution, que l'on attend depuis un siècle ? Ce soir ou demain soir ? Ou bien est-ce qu'on attend le "grand" soir ? Et en attendant ce soir-là, ou un autre : tes idées, elles prennent quand la responsabilité d'être autre chose que des idées ?
Les utopies ne m'intéressent pas si elles ne débouchent pas sur une philosophie (politique) concrète du réel. Penser l'une sans l'autre est une impasse absolue. Sophie, s'il te plaît, relève mon défi. Ou en tout cas : essaye.
Benjamin